Où en est l’économie de guerre ?

L’Express du 27 juin
En 2 ans, l'idée d’une entrée en économie de guerre de la France a largement infusé. Adoptée en 2023 pour couvrir la période allant de 2024 à 2030, la loi de programmation militaire (LPM) est dotée d'une enveloppe de 413 Md€. L'an dernier, 20 Md€ de commandes ont été passés auprès d'Airbus Defence & Space, Dassault Aviation ou MBDA. Néanmoins, entrer en économie de guerre supposerait des changements fondamentaux, avec le passage à une mobilisation d'une partie importante de l'économie au service des armées. L'industrie civile serait quant à elle intégrée dans une planification pour l'effort de guerre. Si l'Etat s'est donné les moyens, il s'agit plus d'une transformation du cadre légal que d'une réalité opérationnelle, analysent des experts. Entre 1914 et 1918, le budget consacré à la défense a représenté 55% du PIB et cette part a bondi à 70% quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté. S'ils restent plus élevés qu'au cours des décennies précédentes, les efforts de la France lui permettront simplement de remonter à 2% de son PIB cette année. L’objectif est, avant tout, « de remettre les enjeux de production au cœur de la vie des entreprises de Défense, d’augmenter les cadences, de réduire les délais de production, de retrouver de la souveraineté », résume Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Les entreprises de Défense continuent de rencontrer des difficultés en matière de financement, d'approvisionnement ou de recrutement. Il n’est donc pas évident, pour des industriels dépendants de la commande étatique, de faire grossir leurs capacités dans un tel contexte. Il faudra voir comment le sujet sera appréhendé par les nouvelles forces en présence à l'échelle française et européenne, au moment où la contrainte budgétaire se fait plus pressante.