Le fort enjeu du recyclage des avions

L’Usine Nouvelle du 3 novembre
Le secteur aéronautique ne s’est jamais autant intéressé au recyclage des avions, comme en témoigne la croissance de Tarmac Aerosave, la filiale dédiée d'Airbus, Safran et Suez. La crise du transport aérien a mis un coup de projecteur sur l’activité de stockage de cette entreprise. Mais c’est le recyclage, représentant environ 15% de son chiffre d’affaires, qui concentre les principaux enjeux industriels. Le marché mondial d’environ 4 Md€ pourrait connaître une croissance de près de 9% durant la décennie. Tarmac Aerosave compte passer de 20 avions recyclés par mois à plus de 70 à terme, via un plan d’industrialisation comprenant la mécanisation du verdissage, des machines de manutention et la digitalisation de la traçabilité des déchets. Avec le doublement de la flotte aérienne d’ici à 20 ans, entre 14 000 et 15 000 avions arriveront en fin de vie d’ici là. Environ 10% de la masse d’un avion est peu valorisable. Les huiles sont envoyées dans des centres de traitement, le kérosène peut être incinéré, en cimenterie par exemple, ou raffiné pour devenir du white spirit ou de l’éther, les hublots seront transformés en paillettes plastiques ou en fibres textiles. L’aluminium, représentant à lui seul 80% de la masse des avions d’ancienne génération, sera lui broyé, trié et refondu pour servir l’automobile et le bâtiment, via des groupes comme Suez et Derichebourg. Des discussions confidentielles ont été entamées avec Constellium pour trouver une voie de valorisation dans l’aéronautique. Les autres métaux, représentant 10% de la masse de l’avion, et notamment le titane utilisé pour les mâts réacteurs seront eux aussi ré-utilisés. C’est avec Eco Titanium, géré par Aubert & Duval, que des réflexions similaires sont menées pour la récupération des pièces. Pour améliorer la circularité, reste encore à concrétiser l’écoconception, afin de prendre en compte les contraintes du recyclage dès la conception des avions.