L’industrie de Défense française confrontée à de nouveaux concurrents

Le Monde du 9 janvier
La base industrielle et technologique de défense (BITD), forte de 4 000 entreprises travaillant pour les armées, dont 450 sont jugées stratégiques et 600 exportent dans le sillage d’Airbus, Dassault Aviation, Nexter, Naval Group, MBDA, Thales ou Safran, est de plus en plus confrontée à la concurrence internationale. Le Rafale pèse lourd dans les exportations de Défense françaises : en 2022, les 80 appareils vendus aux Émirats arabes unis ont représenté les deux tiers des 27 Md€ d’exportations. Si le canon Caesar est aussi très demandé, Nexter ne peut répondre à toutes les demandes. Si la France reste le 3ème exportateur mondial d’armes, elle est de plus en plus concurrencée par la Corée du Sud, la Turquie et Israël. De plus, la guerre en Ukraine a fait apparaître une nouvelle contrainte, de plus en plus forte : le calendrier de livraison et la disponibilité des matériels. Sur les 100 Md€ d’achats d’armement des pays de l’Union européenne conclus entre le début du conflit en Ukraine et l’été 2023, 78% l’ont été à des industriels non européens, majoritairement les États-Unis. Les récentes commandes de la Pologne ont pointé le potentiel exportateur de la Corée du Sud dans ce domaine. L’industriel Hanwha rappelle que son pays est « prêt pour la guerre » depuis l’armistice de 1953 avec la Corée du Nord. Et Séoul est capable de fournir des matériels aux standards de l’OTAN à des prix compétitifs. Pour contrer cette concurrence, la France a fait évoluer sa doctrine depuis plusieurs années. Une nouvelle logique de partenariat stratégique d’État à État se met en place, avec des dimensions à la fois militaire, diplomatique et économique. Cette logique doit permettre de structurer une offre de long terme pour vendre plusieurs types d’armements au même pays, tout en se maintenant à la pointe des technologies.