Entretien avec Michel Friedling, fondateur de Look Up Space

La Figaro du 2 janvier
Pour le général Michel Friedling, ancien commandant de l’Espace, qui livre un entretien dans le Figaro, les capacités européennes de surveillance de l’Espace sont insuffisantes compte tenu des risques et menaces. Il a notamment fondé la startup Look Up Space, spécialisée dans la surveillance des objets en orbite. « Ce qui est crucial, c’est de rendre l’Espace transparent au sens physique et au sens juridique. Aujourd’hui, il ne l’est pas », explique-t-il. « Il est impératif de détecter l’activité spatiale avec précision, exhaustivité et dans la temporalité la plus appropriée. Idéalement, il faut observer les objets dans l’Espace toutes les 90 minutes, c’est-à-dire à chaque révolution d’orbite », ajoute Miche Friedling. Or ce n’est pas le cas aujourd’hui pour l’Europe, dont les capacités sont insuffisantes pour les orbites basses et reposent sur des moyens français, avec le radar militaire Graves et des radars d’acquisition de trajectoire Satam. « L’Espace va devenir plus dangereux, qu’on parle de menaces intentionnelles ou de risques de collision. Il y aura par ailleurs beaucoup d’objets nouveaux », poursuit le général. Avec un nombre toujours croissant satellites en orbite, près de 10 000 aujourd’hui, contre 2 000 il y a 4 ans, le risque de collision augmente fortement. « Nous développons, avec le soutien de France 2030, un radar qui détecte et suit des objets très petits dans l’Espace, avec une grande précision. En 2024, nous aurons notre 1er prototype », assure Michel Friedling. « En parallèle, nous développons une plateforme digitale innovante qui permet la fusion de données pour établir une cartographie temps réel très précise des objets en orbite. Nous en avons fait une première démonstration au Salon Space Tech de Brème, en Allemagne. Avant 2028, nous aurons déployé un réseau mondial de nos radars avec notre outil de traitement de données et de calcul », déclare-t-il finalement.