Reprise d’Aubert et Duval : entretien avec Olivier Andriès, Directeur général de Safran

L’Usine Nouvelle du 23 février
Olivier Andriès, Directeur général de Safran, accorde une interview à L’Usine Nouvelle. Il détaille les grands enjeux associés à la signature, mardi 22 février, par Airbus, Safran et Tikehau Ace Capital, d’un accord avec Eramet, pour la reprise de sa filiale Aubert et Duval. « Il en va de la souveraineté de la filière aéronautique française et européenne et de la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement », insiste-t-il. « Aubert et Duval est un fournisseur stratégique critique pour Airbus et Safran, ainsi que pour d’autres industriels comme Dassault Aviation, Nexter, Naval Group et Framatome, mais aussi du point de vue de l’Etat ». Aubert et Duval est un élaborateur de superalliages pour les moteurs d’avions : « C’est le seul dans le monde occidental, hormis aux Etats-Unis. Si nous voulons garantir la souveraineté européenne en matière d’aviation de combat, il faut être en mesure de maîtriser toutes les parties du moteur, et en particulier les parties chaudes, qui requièrent l’utilisation de superalliages ». L’enjeu stratégique est majeur : « nous aurons besoin pour le moteur du futur avion de combat européen, le SCAF, de travailler avec Aubert et Duval, comme cela a été le cas pour le moteur M88 du Rafale. Il serait inimaginable d’être dépendants sur ce sujet de souveraineté de fournisseurs non-européens ». Pour Safran, il existe aussi un enjeu lié au domaine de la forge : « Aubert et Duval est l’un des rares acteurs européens positionnés sur ce métier, et en capacité de forger des pièces critiques pour l’aéronautique et la défense. Il est important pour nous de diversifier nos sources d’approvisionnement ». Olivier Andriès revient sur le plan de modernisation des sites d’Aubert et Duval, évalué « à environ 300 M€ sur cinq ans ».