Le Sukhoi Superjet 100 russe cherche un avenir sans ses moteurs français

Les Echos du 12 septembre
Le fruit de la coopération entre le groupe français Safran et l'industrie aéronautique russe, les 150 Sukhoi Superjet 100 risquent de se retrouver rapidement à court de pièces détachées françaises, avant l'arrivée éventuelle d'un nouveau modèle 100 % russe. La coentreprise créée en 2004 par le groupe français et le motoriste russe UEC Saturn pour fabriquer les moteurs du Superjet 100 n'est pas formellement dissoute, ses activités sont pourtant totalement à l'arrêt depuis mars. Privé de l'apport de Safran, la poursuite de la production de moteur SaM 146, mais aussi le simple maintien en exploitation des quelque 150 Superjet 100 en service en Russie, semblent très compromis. La moitié des pièces du moteur, ainsi que les pièces détachées nécessaires à la maintenance, provenaient de chez Safran. L'entrée en vigueur des sanctions européennes contre la Russie, en mars, a interrompu toutes les livraisons. « Safran avait en charge la fabrication de la partie haute pression du moteur et les Russes n'ont ni la documentation, ni l'outillage pour pouvoir produire eux-mêmes ces pièces, estime une source citée dans un article des Echos. Ils peuvent encore puiser dans les stocks et prélever des pièces sur d'autres avions pour continuer à faire voler une partie de la flotte existante, mais cela ne pourra pas durer longtemps ». En plus des moteurs, environ 70% des équipements de l'appareil, telle que l'avionique, les trains d'atterrissage, le traitement de l'air ou encore le générateur auxiliaire de puissance sont d'origine occidentale. Le Superjet 100 reste néanmoins l'un des appareils les plus présents dans le ciel russe actuellement. Le principal opérateur, la compagnie Rossiya du groupe Aeroflot, en exploiterait encore 70, et Sukhoï en aurait encore livré une dizaine depuis le début de l'année. Une nouvelle version du Superjet 100, dotée cette fois de nouveaux moteurs 100% russes, serait en préparation et pourrait prendre le relais de la génération actuelle en 2024. Le remplacement de tous les Superjet à moteur SaM 146 pour des modèles russes prendra des années et coûtera très cher. En 2019, le coût total de la russification du Superjet 100 était estimé à 130 Mds de roubles (2,3 Mds€). Les industriels russes restent donc prudents. « Notre priorité est de maintenir en bon état la flotte actuelle de 150 SSJ-100 aussi longtemps que possible », soulignait Iouri Slyusar, le directeur du holding d'Etat UAC.